L'Attrape-cœurs, J.D.Salinger / trad. de l'anglais. Pocket, 1986. 253 p. ****

         Holden Caufield est exclu de son collège. A quelques jours avant les vacances de Noël, il décide de s'enfuir et de rentrer à New-York. Il va alors traîner, écumer les bars, tâcher de retrouver d'anciennes petites amies sans parvenir à trouver les réponses aux questions qui le taraudent. A mi-chemin entre l'enfance qu'il encense, par le truchement de sa petite sœur Phoebe, et l'âge adulte qu'il critique fortement, il peine à trouver sa place.

         Certes, le roman a pris quelques rides, et le lecteur d'aujourd'hui peut sourire, à suivre Holden dans son vagabondage urbain et psychologique, et dans sa révolte adolescente. Pourtant, ses réflexions sont d'une justesse qui fait fi des époques : "On ne sait jamais si les filles elles veulent vraiment qu'on arrête ou si elles ont juste une frousse terrible" (p.115), comme une prémonition du discours actuel sur la "zone grise" et la notion de consentement ; au musée, il y a ces mots d 'une lucidité extrême sur l'esquimau qui pêchera à jamais son poisson dans le lac gelé ou les cerfs qui n'en finiront pas de boire dans la mare (p.148) alors que le visiteur, lui, changera à chaque visite. Il y a en Holden un mélange d'égocentrisme enfantin et de maturité qui finit par rendre le personnage touchant, quand il regarde les jambes des filles et se demande quel sera leur avenir, imaginant qu'elles vont épouser pour la plupart des "mecs complètement abrutis". Et je ne résiste pas à trouver génial son discours lorsqu'il débarque complètement ivre chez sa petite amie, d'un réalisme incroyable. Voilà peut-être pourquoi il faut lire L'attrape-cœur.

 

Catégorie : Littérature étrangère

Etats-Unis /adolescence / révolte /

 

Roman lu dans le cadre des 68 premières fois


Posté le 13/05/2020 à 09:24