Aux bons soins du docteur Kellogg, T.C. Boyle / trad. de l'anglais. Grasset, 10/1994. 494 p. ***

         Battle-Creek, 1907. Le docteur John Harvey Kellogg, parangon du végétarisme et des lavements intestinaux, a ouvert un hôpital surnommé le San où se presse toute la bonne et riche société américaine. Les patients se plient aux menus à base d'algues, de yaourts, de son et de succédanés protéiniques, aux exercices de respirations approfondies et à la vibrothérapie sans broncher. Arrivent Wull et Eleanor Lightbody, la première ayant déjà suivi des cures au sanatorium est profondément convaincue que le bon docteur saura la guérir de sa neurasthénie. Quant à Will, il souffre de maux d'estomac et d'une propension à l'alcool dont sa femme espère bien qu'il va guérir, alors que lui est plus que méfiant. Dans la même ville, surfant sur la vague diététique, un certain Charlie Ossining tente de monter une usine à produits pour petits-déjeuners, à coup de bluff et d'arnaques…

         Ce tout jeune vingtième siècle découvre l'alimentation saine, végétarienne et naturelle, et les bienfaits d'une vie qui exclut tout excès, interdit la consommation de toute viande, d'alcool et même, pour les patients du San, toute pratique sexuelle. Le docteur Kellogg est prêt à tout pour faire passer son message et à séduire son public, quitte à comparer un steak bien saignant à un étron, ou à présenter une louve devenue végétarienne à coup de punition. Il est si convaincu qu'il en devient convaincant, et jette les premiers principes d'une alimentation diététique qui fera ensuite école et de nombreux émules. Quant au pauvre Will, on suit ses mésaventures avec amusement et effarement quand il se voit infliger des lavements bi quotidiens, des séances de bains sinusoïdaux – au cours de l'une d'entre elles, un des patients est électrocuté -, des siestes dans le parc en plein hiver, tandis que sa femme découvre les plaisirs du naturisme et des massages de la matrice. Autre mésaventure, celle de Charlie, qui ne trouve rien de mieux que de s'acoquiner avec George, le fils renégat du docteur, une sorte de vagabond puant et haineux, et de se faire avoir par un associé qui dépense tout l'argent que Charlie a pu extorquer à sa tante. L'ensemble est plutôt plaisant, drôle, quoiqu'un peu long et à mon sens souffrant des effets de style du traducteur qui ne craint pas les tournures de phrases un peu ampoulées ou parfois vieillies.

 

Catégorie : Littérature étrangère

Etats-Unis / diététique / médecine /

Posté le 13/05/2020 à 09:35