Anatomie d'un scandale, Sarah Vaughan / trad. de l'anglais. Préludes, 01/2019. 439 p. 16,90 € ****

         James Whitehouse, sous-secrétaire d'Etat rattaché au ministère de l'Intérieur, député et proche du Premier Ministre, est accusé de viol par son assistante parlementaire avec laquelle il entretenait une liaison depuis plusieurs mois. Kate Woodcroft, avocate et défenseur des droits des femmes, spécialisée dans les délits à caractère sexuel, défend la plaignante, bien décidée à faire tomber cet homme politique charismatique. Le roman donne voix aux différents acteurs de ce procès : Kate, Sophie, l'épouse de James, James lui-même, Ali, l'amie des années d'université de Kate. Le propos est assez féministe, même si on sent que l'auteur s'attache à rester impartiale. Dans la bouche de Kate, il y a une sorte de revanche sur le pouvoir des hommes : "On nous a programmées pour amadouer et apaiser, pour soumettre notre volonté à celle des hommes. Oh, bien sûr, certaines d'entre nous se sont rebellées contre cet état de fait – et on nous juge intraitables, difficiles, péremptoires et acariâtres." (p.194).

         Je n'ai en général pas de revendication féministe, même si l'égalité homme-femme et la liberté individuelle sont à mes yeux des revendications essentielles. Ce discours est juste, dans ce qu'il dénonce du conditionnement des femmes, de leur soumission au pouvoir de l'homme. Qui passe par le sexe, d'ailleurs, et c'est tout l'objet de ce roman : Olivia était-elle ou non consentante ? Au nom de quoi s'est-elle sentie contrainte d'accepter un rapport sexuel violent ? En quoi ses sentiments pour James l'ont-ils poussée à se laisser faire ? Au-delà de cette problématique qui n'est pas sans faire écho au mouvement "Me too", il y a le personnage de Kate Woodcroft, impitoyable, opiniâtre, qui a trouvé dans son métier d'avocate le moyen de se venger d'une jeunesse malheureuse.

Catégorie : Littérature étrangère

droits / femme / harcèlement /

 

Posté le 26/02/2019 à 17:35