Le dimanche des mères. Graham Swift. Gallimard, 01/2017 (Du Monde entier). 142 p. 14,50 €

Angleterre, 1924. Jane Fairchild, 22 ans, est employée comme bonne chez les Niven. En ce dimanche 30 mars où le printemps est flamboyant, elle bénéficie d'une journée de congé que les domestiques utilisent pour aller rendre visite à leur mère. Orpheline, Jay a projeté de passer sa journée à lire l'un des romans qu'elle emprunte dans la bibliothèque de Mr Niven, jusqu'à ce qu'un appel bouleverse son programme : elle a rendez-vous avec Paul Sheringham, son amant depuis sept ans, qui s'apprête à épouser une riche héritière. Pour l'heure, ses parents étant partis déjeuner, il a la maison pour lui seul et y convie Jay pour ce qui sera sans doute leur dernier rendez-vous…

         L'histoire est entrecoupés de réflexions ou d'extraits d'interviews de Jane Fairchild devenue écrivain, mais cette belle journée dominicale est elle-même racontée de façon décousue, puisque le roman s'ouvre sur le moment où Jay et Paul viennent de faire l'amour, pour revenir en arrière, avant l'appel de Paul, avant de retourner au lit des amants. Ce va-et-vient constant entre plusieurs temps de la narration rend la lecture un peu laborieuse et amène le lecteur à prendre une certaine distance par rapport au récit et à l'histoire de Jay.  La mort de Paul, au volant de sa voiture qu'il conduit trop vite pour aller retrouver sa riche fiancée, est annoncée pudiquement, avec une sobriété surprenante et parfaitement maîtrisée : L'horloge sonna deux heures. Elle ignorait encore qu'il était déjà mort." Malheureusement, le parti-pris de l'auteur de passer d'un moment de la journée à un autre, au passé de Jay, à son avenir, vient faire oublier très vite l'effet de surprise de ce drame. L'obligation de Jay de contenir son émotion n'arrange pas les choses, et il résulte de cette lecture une impression de froideur un peu déconcertante.

Ajoutons à cela les réflexions et les opinions de Jay devenue une vieille dame, qui me semblent sans réel lien avec cette journée si décisive dans la vie de Jay, notamment les dernières pages où elle évoque ses lectures de jeunesse et l'influence de Joseph Conrad sur son propre travail, qui me paraissent, en regard du thème du roman, inutiles.

         J'ai donc été déçue par cette lecture dont j'attendais beaucoup.

 

 

Catégorie : Littérature étrangère

Grande Bretagne / amour / 19ème siècle /

Posté le 05/04/2017 à 13:06