Un loup quelque part, Amélie Cordonnier. Flammarion, 03/2020. 270 p. 19 € ****

         Elle est mariée à Vincent, et maman d'une Esther de 8 ans. Arrive un nouveau bébé, Alban. Il a cinq mois quand sa mère découvre une tache noire dans le cou du nourrisson. D'autres taches suivent, de plus en plus nombreuses, qui se développent sur tout le corps. Puis c'est la peau tout entière qui peu à peu s'assombrit, Elle le mesure en comparant la pigmentation avec un nuancier de peinture. Le bébé est métis et va révéler la couleur définitive de sa peau au cours des prochains mois. Comment est-ce possible ? Elle ignore tout d'un possible ancêtre noir ! Face à l'inconcevable, la mère en proie à une panique grandissante va lever le voile sur un secret de famille qu'elle va avoir terriblement de mal à assumer.

         Voilà que la mère aimante se met à rejeter petit à petit son enfant pour lequel elle n'éprouve que du dégoût. Professeure de lettres de formation, elle se réfère à Samsa, le cafard de Kafka, auquel elle compare le nourrisson. Ne pourrait-elle pas l'écraser d'un coup de balai ? A la fois lucide sur sa possible violence, et atterrée par ce dont elle pourrait être capable envers son bébé, elle ne parvient tout de même pas à s'empêcher de sombrer dans une sorte de folie, qui la conduit à cacher la couleur de la peau de son enfant à tout le monde, y compris à sa fille, en l'engonçant sous des couches de vêtements et de fond de teint. Certaines scènes, qui relèvent d'une véritable maltraitance, font vraiment froid dans le dos, mais comment blâmer cette mère qui a subi un double traumatisme dans son enfance et qui se retrouve finalement bien seule pour affronter ce qu'elle vit comme une véritable catastrophe ? Certes, tout cela fait beaucoup pour une seule femme, mais ce récit aborde la question délicate de l'amour maternel dont on commence à comprendre qu'il peut ne pas être aussi instinct et évident qu'on le pensait.

 

Catégorie : Littérature française

famille / maltraitance / secret / abandon /

 

Roman lu dans le cadre des 68 premières fois


Posté le 12/10/2020 à 17:07