Les choses humaines, Karine Tuil. Gallimard, 06/2019. 342 p. 21 € ****

Jean Farel est un célèbre journaliste politique, sa femme Claire une brillante essayiste féministe. Leur fils Alexandre fait des études dans la prestigieuse université américaine de Stanford. Tout semble réussir à ces trois personnages, malgré quelques failles : Jean vient d'avoir soixante-dix ans mais s'entretient et parvient tout juste à conserver sa place dans un milieu concurrentiel où les jeunes menacent leurs aînés ; Claire étouffe dans sa vie de "femme de" et tombe amoureuse d'un enseignant de son âge. Le couple s'apprête à divorcer quand Alexandre revient brièvement à Paris. Rien de grave cependant, jusqu'au jour où une accusation de viol vient faire basculer la vie de la famille...

Depuis la libération de la parole des femmes et le mouvement MeToo, de nombreux romans sont publiés sur le thème du viol et/ou du harcèlement. Au cours du récit une allusion est d'ailleurs faite à l'affaire Weinstein. Toute la question est de savoir où est la vérité, et de définir à partir de quand on peut considérer les faits comme relevant d'une agression ou d'un viol - ce qui n'est pas la même chose. Karine Tuil ne prend parti ni pour l'un ni pour l'autre, se bornant à relater les faits puis à en donner les différentes versions ; dans une première partie qui souffre sans doute de longueurs, elle met méticuleusement en place les différents acteurs du drame, le père et la mère, personnages pris par leur carrière et indubitablement peu présents auprès de leur fils, et le caractère d'Alexandre. Elle met le même soin à reproduire les différents moments du procès. Un récit glaçant de vraisemblance qui pose cette affaire de mœurs dans un contexte français.

 

Catégorie : Littérature française

journalisme / politique / intrigues / pouvoir / médiatisation / viol /


Posté le 26/01/2020 à 12:00