Soleil amer, Lilia Hassaine. Gallimard, 06/2021. 158 p. 16,90 € ****

Algérie, années 60. Naja élève seule ses trois filles pendant que son mari Saïd est parti en France pour travailler. Enfin, toute la famille parvient à le rejoindre à Paris. Le quotidien s'avère difficile, la famille est désargentée et Naja perd ses repères. Elle noue cependant amitié avec quelques voisines et avec Eve, la femme de son beau-frère Kader, une femme libérée et féministe. Naja tombe enceinte. Le couple n'a pas de revenus suffisants pour élever l'enfant. Naja décide alors de confier l'enfant à sa naissance à Eve et à Kader, qui n'en ont pas...

Naja est un peu perdue, écartelée entre les traditions familiales – ainsi ne va-t-elle pas s'opposer à la décision de son mari de renvoyer au pays leur fille aînée afin qu'elle s'y marie – et la société française de l'époque, et les revendications féministes, qu'incarne sa belle-sœur. C'est à travers elle et tous ses proches que se dessine l'histoire de cette famille emblématique poussée, à l'instar de nombreuses autres, à immigrer pour des raisons économiques. Les promesses d'embauche et d'abondance ont conduit nombre de chefs de famille à venir ainsi travailler dans les usines françaises, avant d'être rejoints par leurs femmes et enfants. Mais le rêve fait long feu : Naja découvre un logement vétuste et étriqué, et un mari précocement vieilli. Avec pour seul horizon les barres d'immeubles HLM, il faut continuer cependant, malgré les fins de mois difficiles et le chômage, le racisme et l'hécatombe du sida, le désenchantement et l'amertume.

 

Catégorie : Littérature française

Algérie / immigration / années 70 / racisme / famille /


Posté le 26/11/2021 à 09:34