Le dernier gardien d'Ellis Island, Gaëlle Josse. J'ai Lu, 01/2016. 184 p. 6 €

         Le 12 novembre 1954, le centre d'accueil d'Ellis Island pour les migrants venus d'Europe pour tenter leur chance à New-York, va fermer. Dans ce lieu désormais veille encore le directeur, John Mitchell, qui rédige durant ces quelques jours son journal intime. Il évoque les personnages qui ont compté pendant toutes ces années où il exercé sa fonction : Liz, sa femme, décédée après contracté le typhus, Nella, une immigrante d'origine sarde dont il est tombé amoureux, Shermann, le photographe, Luigi Chianese, l'interprète…

         Le narrateur a des lettres, son récit s'en ressent, qui est écrit à la manière des nouvellistes du 19ème siècle. Son journal a donc un côté un peu suranné, en accord avec les mœurs du temps – nous sommes dans les années 50 -, bien qu'il émane d'une plume contemporaine. Il ressuscite une époque terrible où les candidats à l'émigration étaient parqués, jaugés, triés, pour certains refoulés parce qu'ils étaient porteurs d'une maladie particulière, ou parce qu'ils n'avaient pas les compétences requises pour s'installer : le frère de Nella, déficient mental, fera les frais de cette politique cruelle. Mitchell ne remet en cause à aucun moment le système dont il est un rouage efficace et redoutable ; il faudra le drame de Nella pour qu'il commence à avoir des scrupules – ce qui ne va nullement l'empêcher de continuer à tenir la barre de son établissement jusqu'à la fin. Il est surtout nostalgique, et évoque à maintes reprises ces lieux désertés ; il éprouve bien quelques regrets, mais c'est un peu tard. Le dénouement apparaît ainsi comme la juste fin.


 

Catégorie : Romans historiques

Etats-Unis / amour / immigration /

Posté le 12/09/2018 à 13:33