Chien-Loup, Serge Joncour. Flammarion, 08/2018. 476 p. 21 €

Franck et Lisa louent une maison perdue dans le Lot. Franck est très inquiet à l'idée d'être privé de réseau, tandis que Lise se réjouit de passer trois semaines au calme et en pleine harmonie avec la nature. Mais la nature est rude et ses habitants parfois inquiétants, comme ce chien-loup esseulé qui se rapproche du couple. Et le lieu est chargé d'histoire : au cours de la première guerre mondiale, un dompteur s'est installé sur la montagne avec ses lions qu'il nourrit de braconnage, au grand dam des habitants du village. Serge Joncour confronte la modernité d'un couple et une population villageoise pétrie de superstitions, et montre que la sauvagerie n'est pas toujours propre au passé ni là où l'on croit. Il insiste beaucoup sur la bestialité, celle des animaux, les fauves bien sûr, mais aussi la faune locale, et celle des hommes : dans le charnier des tranchées, dans la chasse et le comportement des viandards. En réaction, Franck et Lisa sont des agneaux que le loup risque de dévorer : vegans convaincus, ils permettent à l'auteur de tenir un discours sur la consommation de viande, repris en écho par les propos sur la sauvagerie. La nature est sauvage et belle, les hommes sont violents. C'est un peu répétitif, le récit longuet, sans grandes actions, jusqu'à ce que Franck se réveille…

Mais Joncour écrit bien, notamment lorsqu'il parle du désir, celui que la veuve du médecin mort au front éprouve pour le dompteur de lions reclus sur la montagne, et ne mérite à mon sens pas du tout le qualificatif de "roman populaire" décerné avec un dédain tout parisien par les critiques littéraires du Masque et la Plume sur France Inter, qui ont la dent plus dure et les griffes plus acérées que les fauves tenus en cage par le dompteur allemand.

 

 
Catégorie : Roman noir
guerre / superstitions /

Posté le 18/01/2019 à 14:22