Nos derniers festins, Chantal Pelletier. Gallimard, 05/2019 (Série noire). 196 p. 18,50 € ***

Juin 2044. Au nom de l'économie et de la prévention, on pénalise tout consommateur de gras ou de sucré, qui se voit pénalisé par le retrait de points sur son permis de table. A cause de la prohibition, camembert et foie gras se vendent au marché noir, et les restaurants clandestins sont légion. Anna Janvier et Ferdinand Pierraud, contrôleurs alimentaires, découvrent, au cours d'une mission dans une Provence caniculaire, le cadavre d'un jeune cuisinier employé en extra dans un restaurant clandestin. Ils doivent laisser l'enquête à la police et vont ensuite s'intéresser de près au restaurant gastronomique de Lou où travaillait la victime, et dont la patronne ne prête guère attention aux points restants sur le permis de table de ses clients…

Pure science-fiction ? Le futur imaginé par Chantal Pelletier pourrait tout à fait être probable : des mafias font commerce de denrées prohibées comme on le faisait de l'alcool dans les années 20 aux Etats-Unis, tout amateur de bonne chère se voit puni à moins qu'il n'ait dépassé les 80 ans, âge à partir duquel toutes les gourmandises lui sont permises, et végans, locavores, anti gluten et autres partisans de régimes alimentaires s'affrontent dans de sanglantes manifestations. Le tandem formé par les deux contrôleurs est parfaitement improbable et assez drôle : la truculente Janvier au verbe haut, gourmande et pas toujours très raffinée, qui s'amuse à tyranniser le petit nouveau qui, comble de malchance, souffre de multiples allergies alimentaires et ne supporte pas le soleil.  Mais le récit, bien que publié dans la collection Série noire, n'est pas vraiment un roman policier : si Ferdinand s'obstine à traquer le criminel, c'est en douce quand la Janvier ne l'a pas chargé d'une autre activité ; par ailleurs l'histoire personnelle de Lou prend une dimension grandissante au fil du récit. Finalement, pas de réel coup de théâtre ou de surprise, les raisons pour lesquelles le malheureux cuisinier a fini sa carrière noyé dans sa blanquette sont assez secondaires ; ce qui compte, c'est la gourmandise, le plaisir du boire et du manger, sans culpabilité ni régime.

 

Catégorie : Romans policiers / Thrillers

gastronomie / anticipation / régime alimentaire / prohibition /


Posté le 01/02/2021 à 17:52