Nos corps étrangers, Carine Joaquim. La Manufacture de livres, 01/2021. 233 p. ****

         Un couple bancal s'installe à la campagne en espérant s'y faire une nouvelle vie, malgré le désaccord de la fille adolescente qui supporte mal de quitter ses amis parisiens. Oubliée l'aventure extraconjugale de Stéphane, place à la vie au grand air, à l'atelier de peinture pour Elisabeth. Mais rien n'est simple : Maëva peine à se faire des amis, déteste un de ses camarades atteint du syndrome de Gilles de la Tourette et se met à fréquenter un garçon plus âgé qu'elle ; Elisabeth souffre toujours de terribles maux de ventre et d'anorexie, tandis que Stéphane se plaint des trajets en RER pour aller travailler. Une histoire de vie somme toute assez banale, avec sa dose d'émois adolescents, de désir conjugal qui s'est fait la malle, et d'adultère. Mais c'est sans compter avec le corps, celui qui découvre, ou redécouvre l'amour et le désir ; celui qui fait mal, vous plie en deux et vous fait vomir ; celui qui grossit et vieillit ; celui qui vous fait hurler, jurer et grimacer ; celui qui a vécu la perte et l'exil. Le corps devenu étranger qu'on aimerait maîtriser, ou celui de l'autre qui suscite le dégoût. Car il peut être objet de désir tout autant que désir de rejet, c'est bien là la question centrale de ce récit, - qui pâtit à mon sens d'un trop grand nombre de thématiques sociales -, pour basculer dans le drame sordide et terrifiant.

 

Roman lu dans le cadre des "68 premières fois"

 

Catégorie : Littérature française

couple / infidélité / migrant / déni /


Posté le 21/03/2021 à 10:21