Tout peut s'oublier, Olivier Adam. Flammarion, 01/2021. 264 p. 221 € ***

Nathan a divorcé de Jun, une céramiste japonaise qui s'était installée en Bretagne. Un jour qu'il passe chez elle récupérer leur fils Léo, il trouve un appartement vide. Jun est repartie dans son pays natal, sans l'en informer. Il se rend alors au Japon malgré les nombreuses mises en garde de ses amis : la loi japonaise stipule qu'en cas de séparation, la garde de l'enfant d'un couple mixte est automatiquement attribuée au parent nippon et ne reconnaît ni droit de visite ni garde alternée…

En parallèle à la quête de Nathan se déroule celle de deux frères à la recherche de leur sœur disparue elle aussi au Japon, qui sont parvenus à attirer l'attention des médias, sans pour autant que leurs recherches avancent beaucoup. Nathan les croise à plusieurs reprises, et échange avec eux sur le peu d'enthousiasme de la police nippone à aider les Français, dans un cadre qui frise l'incident diplomatique. Le système judiciaire japonais semble avoir des pratiques d'un autre âge et ne sort pas grandi de ce récit. On a la sensation, malgré toute l'admiration que le protagoniste – et comme souvent chez Olivier Adam, le narrateur-auteur – semble vouer au Japon, qu'il se heurte à un mur impénétrable, bâti sur des conceptions à l'opposé des nôtres et, par moment, anti françaises. Au pays du matin calme, il ne fait pas bon s'immiscer dans des traditions séculaires et se montrer insistant, Nathan l'apprend à ses dépens. D'ailleurs, il paraît un peu falot, ce personnage, qui subit coup sur coup deux ruptures amoureuses, face à des femmes dotées d'une forte personnalité ; sa détermination à essayer de retrouver coûte que coûte son fils est un peu contradictoire avec son mode de vie solitaire et peu avenant, son caractère désabusé et passif, raison sans doute de l'animosité féroce que nourrit son ex-femme à son égard.  Olivier Adam a pour habitude de mettre en scène son double littéraire, et le fait cette fois sans trop de concessions, comme un miroir en négatif. Ce Nathan ne paraît guère attachant, sauf dans son affection pour son fils. Il n'a pas l'autodérision de Paul Lerner, cet écrivain en manque d'inspiration d'Une partie de badminton, et les intrusions de l'auteur en rajoutent encore à la froideur d'un récit somme toute assez glaçant, malgré la beauté des paysages bretons et japonais.

 

Catégorie : Littérature française

Japon / couple / rupture / famille / enfant / loi /


Posté le 10/04/2021 à 19:22