La maison au bord de la nuit, Catherine Banner. Presses de la Cité, 04/2017. 508 p. 22 €

     Amadeo Esposito, jeune médecin en mal d'une attribution de poste, débarque un beau jour à Castellamare, une île de 8 kilomètres de long au large de Syracuse, où vit une petite communauté dirigée par il comte, propriétaire de la seule automobile de l'île. La population est en liesse, c'est le soir de la fête de Sant'Agata, la sainte patronne de l'île. Il y fait la connaissance des habitants, devient l'amant de la femme du comte, tombe amoureux de Pina qu'il épouse et avec laquelle il va reprendre le café du Bord de la Nuit. Pina et Amadeo auront trois fils, que la deuxième guerre mondiale va leur prendre, et une fille, Maria-Grazia, la boîteuse, adorée de son père, qui va aimer Robert, un parachutiste surgi des flots suite au naufrage de son avion.

     Cette saga familiale court sur près d'un siècle, dans cette toute petite île du sud de l'Italie, très pratiquante et férue de superstitions. On ne peut qu'éprouver de la tendresse pour Amadeo, qui collectionne les histoires, contes et légendes du cru, dans un petit carnet rouge qui déclenchera bien des rivalités entre ses fils ; on aime ce café du Bord de la Nuit où l'on sert des limonades et des arancini, ces boulettes de riz incontournables ; sous la plume de Catherine Banner, les paysages prennent vie : la terre sèche, les chèvres, les pétales de fleur lancées des fenêtres le jour de la Sant'Agata.

     L'auteur émaille son récit de nombreuses expressions et jurons italiens, elle emploie souvent – peut-être un peu trop - l'expression "blanc comme de la ricotta", le lecteur est plongé dans cette ample histoire de plus de 500 pages qui remplit la même fonction que les histoires collectées par Amadeo : restituer un monde authentique, qui tente de résister à la mondialisation et à l'uniformisation du monde.


     Je n'ai pas lu le roman dans le texte, mais relevé de beaux passages qui laissent augurer de la qualité littéraire du récit original :

      "Et c'est alors que survient un second miracle. Robert, ignorant que Maria-Grazia était "la boiteuse", celle dont nul ne s'éprenait jamais, ignorant d'elle tout, sauf sa beauté et le fait qu'elle lui avait tenu la main, Robert, un homme de raison aux yeux embués par la reconnaissance, aux facultés troublées par les divagations de la fièvre et par une forte dose de morphine, Robert, voyant Maria-Grazia tourner à l'angle de l'escalier, accomplit l'inévitable et commença d'en tomber amoureux." (p.197)

       Le soir des noces :

      "Il fallut arracher Maria-Grazia de force à ses plateaux et à son livre de comptes. Robert était là, tout à fait anglais, tout à fait nerveux et presque tout à fait saoul, qui lui tendait les bras pour l'inviter à la danse." (p.33).

       A noter, une faute d'orthographe : "se laissant guidé" p.41.


Catégorie : Romans historiques

Italie / famille /

Posté le 24/04/2017 à 09:12