Les refuges, Jérôme Loubry. Calmann-Lévy, 10/2019 (Noir). 391 p. 19,90 € *****

         Un professeur d'université présente à ses étudiants un cas psychiatrique de "refuge psychologique" : en 1986, Sandrine Vaudrier, jeune journaliste, doit se rendre sur une île normande pour aller vider la maison de sa grand-mère qui y vivait en compagnie de quelques originaux. Elle découvre alors qu'une tragédie est arrivée en 1949, quand on a créé sur l'île un camp de vacances destiné aux enfants victimes des horreurs de la guerre. Les enfants se sont tous noyés lors d'une sortie en mer. Quel rôle ont joué les habitants de l'île dans ce drame ? Sandrine est retrouvée quelques jours plus tard errant sur la plage, profondément choquée. Son histoire amène les enquêteurs à découvrir que ce camp de vacances n'a jamais existé…

         Voici donc un cas d'école : qu'a vraiment vécu Sandrine, qui l'a poussée à se réfugier dans une histoire inventée ? Le travail de l'inspecteur, secondé par une psychiatre, va consister à repérer les "balises", c’est-à-dire de débusquer les éléments réels du récit de la victime, pour ramener à sa conscience les faits qu'elle a enfouis au plus profond de sa mémoire. Ce processus donne à voir une toute autre vérité, mais ce phénomène de déni ne donnerait lieu qu'à une simple révélation s'il ne cachait pas à son tour une vérité encore plus dérangeante. C'est alors que le roman prend tout son sens : les refuges s'emboîtent comme des poupées russes, pour donner jour à une véritable énigme que le professeur Villemin présente à ses étudiants et qui invite le lecteur à ne pas se laisser prendre au piège de l'interprétation facile. Voilà le lecteur tout aussi perplexe que les étudiants en psychologie, et il faut toutes les clés de l'enseignant pour parvenir à comprendre ce mécanisme complexe qu'est le déni. Jérôme Loubry distille les éléments de réponse et les effets de surprise avec brio.

Catégorie : Romans policiers / Polars

déni / psychologie / secret / traumatisme / séquestration /

Posté le 26/01/2020 à 11:17