On n'efface pas les souvenirs, Sophie Renouard. Albin Michel, [épreuves non corrigées]. 263 p. **

Annabelle Montjalin a tout pour être heureuse : un mari aimant, et deux petites filles, Zélie, 4 ans, et Violette, six semaines. Le récit commence à la fin du baptême de ce bébé : Annabelle décide de partir avec ses deux filles en Normandie, dans la maison de ses parents où son mari Gaspard la rejoindra dans la soirée. Au cours d'une halte sur la route, elle est enlevée, non sans violence.

Le récit alterne alors les parties consacrées à Annabelle, que ses ravisseurs laissent pour morte en pleine montagne pyrénéenne et qui est recueillie par un ermite, et les chapitres racontant l'enquête et le deuil impossible de la famille d'Annabelle. L'histoire tourne à la fois autour de l'amnésie d'Annabelle, blessée à la tête par une balle, et des motivations des ravisseurs. Que l'on va découvrir à la moitié de l'ouvrage, si bien qu'on ne sait plus très bien où se situe alors l'intérêt de l'histoire : voir se confirmer ses soupçons, ou savoir comment Annabelle va pouvoir retrouver les siens. Car, à la façon dont sont présentés les personnages, tous très gentils et humains, à l'exception évidemment des criminels, on ne peut douter d'un happy end. Ce qui revient à dire que le roman pêche par grosses ficelles et excès de bons sentiments, une combinaison qui fait rarement de la bonne littérature.

Sur la forme : j'ai beau savoir qu'il s'agit d'épreuves non corrigées, je n'ai tout de même pas pu m'empêcher de relever des erreurs ou maladresses. Une confusion dans le vocabulaire : "le profond désintéressement que sa femme portait à son fils" ; une syntaxe défaillante : "Mais de toutes petites mèches blondes s'accommodaient joliment avec son visage aux pommettes larges et aux joues creuses, que sa première certitude vola en éclats." Et, surtout, les anacoluthes qui, à moins de s'appeler Baudelaire, sont vraiment très maladroites : "En pédalant jusqu'à Sare sur son vélo, par le chemin de terre et la petite route qui le menait à son village, Annabelle ne quittait plus ses pensées" - si c'est lui qui pédale, il ne s'appelle pas Annabelle -, ou encore : "Allongé dans son lit, les symptômes s'aggravaient." - à ce que je sache, ce ne sont pas les symptômes mais le pauvre vieux qui est allongé…

Et puis, il y a d'étranges variations de points de vue. Un exemple : Annabelle quitte la maison, songeant au trajet qu'il lui reste à faire - focalisation interne. Au paragraphe suivant, on cite une vieille Mercedes verte qui se met à la suivre, avant de revenir sur notre héroïne. On dirait un cartouche dans une BD, au mépris des conventions romanesques.

Pas très convaincant, donc.

 

Roman lu dans le cadre d'une opération Masse Critique (Babelio).

 

Catégorie : Littérature française

famille / amnésie / vengeance /

Posté le 27/03/2019 à 09:55